La petite enquête de Simon sur les violettes

Aimez-vous les violettes ? 
par Les Enquêtes de Simon – Article écrit par Elodie Duvillard

Si la violette est associée à l’humilité, à la pudeur et à l’amour secret dans le langage des fleurs, c’est qu’elle aime se faire discrète : cette petite fleur délicate fleurit au tout début du printemps à l’ombre du bois, bien cachée sous ses feuilles, presque au ras du sol.

Timide certes, mais également séductrice avec son parfum suave et enivrant aux accents poudrés; délicieusement envoûtant et pourtant éphémère. Car la violette à une particularité : celle d’endormir les nerfs olfactifs au point que l’on ne puisse rapidement plus sentir son parfum lorsque nous la respirons. Ainsi, alors qu’en parfumerie on obtient une matière première naturelle à partir des feuilles de violette, l’odeur de cette fleur dite « muette » est quant à elle chimiquement recomposée. Mais la violette est également riche d’histoires.

Dans la Rome Antique, elle est utilisée sous forme de pommade et de tisane pour lutter contre les problèmes respiratoires et la toux, ou bien tressée en couronne pour apaiser les migraines. Au Moyen-Âge, la violette conserve sa réputation de fleur médicinale et ce jusqu’aux rois de France, qui s’en poudrent le corps afin d’atténuer les odeurs corporelles. Elle trouve alors naturellement sa place dans le potager du Roy à Versailles ainsi qu’en ornement sur les tables de réception. Lorsqu’elle s’installe à Grasse en 1755 pour être utilisée en parfumerie, elle est alors renommée dans toute l’Europe et sa culture devient l’une des plus importantes productions hivernales. 

Quelques années plus tard, pendant la Révolution Française, la violette connaît un tel succès que les bouquetières parisiennes qui en vendent sont taxées et leur commerce très réglementé. Et pourtant… parmi toutes ces anecdotes autour de la violette, il y en a une qui mérite une attention toute particulière car elle est le reflet d’une passion : celle d’un homme à la fois pour la fleur, mais également pour une femme. 

En effet, la violette devint la fleur préférée de Napoléon Bonaparte lorsqu’il rencontra Joséphine de Beauharnais pour la première fois en 1795. On raconte que ce jour-là, Joséphine lui aurait remis le bouquet de violettes qu’elle arborait à la ceinture. Dès lors, Napoléon en offrira un à l’Impératrice, pour qui il vouait un amour inconditionnel malgré ses nombreuses maîtresses, à chacun de leur anniversaire de mariage.

Cette passion pour cette fleur vaudra également plus tard à l’Empereur le surnom de « Père la Violette » ou « Caporal Violette » lorsque, au moment de son départ en exil vers l’île d’Elbe, il déclara à ses soldats qu’il « reviendra avec les violettes », soit au printemps. D’abord emblème impérial, la violette devint ainsi par la suite le signe de ralliement des bonapartistes pendant les Cent-Jours, qui se reconnaissaient par ces mots : « Aimez-Vous les violettes ? »

À retrouver dans Les Plumes , Les Cocottes , Les Pigalliers et Les Invertis les 4 tomes des Enquêtes de Simon.

Article écrit par Elodie Duvillard

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